C) Le temps dans la vie quotidienne

Si l'homme est en permanence soumis à l'écoulement du temps, il en choisit la répartition qu'il en fait dans sa vie quotidienne. Les durées et la représentation que l'homme donne au temps lui permet de se repérer dans celui-ci. Cette représentation change en fonction des cultures et peut même modifier le mode de vie de l'homme. Cette différence de perception du temps peut s'observer par les différents calendriers qui servent à aider l'homme tous les jours.  
 

1)     La représentation du temps au quotidien

Le temps se présente sous trois phases qui sont le passé, le présent et le futur. Ces 3 phases ne sont pas fixes dans le temps puisque le présent se transforme en passé et le futur en présent. Finalement, seul le passé conserve éternellement son statut de passé.

            Selon Aristote, le passé n'existant plus, il n'existe donc pas. Sauf que le passé reste ancré dans notre esprit : il s'ancre dans le présent, il en est la source et l'origine. Tout ce qui existe aujourd'hui vient du passé y compris les atomes qui constituent notre corps. Le passé existe donc au moins "un peu". La proportion de son existence dépend donc de chacun. On peut donc affecter une certaine réalité au passé. Seulement, affirmer que le passé possède une réalité quelconque semble impossible puisque le réel n'existe qu'au présent. La question est de savoir si, et comment peut-on concevoir la réalité du passé. D'un côté, on peut affirmer que le passé, n'étant plus réel n'existe pas, de l'autre, on peut affirmer qu'étant un présent achevé, il conserve son caractère réel et est à l'abri de toutes modifications futures.

S'il est aussi dur de trancher entre ces deux thèses opposées, c'est qu'elles sont toutes les deux un peu vraies en même temps : le passé est en partie irréel dans la mesure où il est déconnecté du présent. Mais il est également existant dans nos mémoires, ce qui le rend à jamais réel. En ce sens il suffit au réel d'avoir existé une fois pour l'être à jamais.

L'accessibilité au passé est plus compliquée. Selon certains comme Scott Fitzgerald, il n'est nulle part. Pour d'autres comme Marcel Proust, on peut partir à la recherche du temps perdu.

            L'avenir existe-il lui aussi ? Selon Aristote, il n'existe pas encore, donc il n'existe pas. Comment pourrait-il exister d'ailleurs puisque s'il existait il serait du présent ? L'avenir ne semble pouvoir être présent que dans nos âmes, qui seule a la capacité de se représenter ce qui n'est pas. Il n'a donc d'existence que dans l'esprit, dans la conscience mais pas dans le monde.

            Le présent présente les questions existentielles les plus difficiles car les avis sur son existence sont mitigés. Chaque instant qui passe est du présent. Tout semblerait indiquer qu'il existe mais d'un autre côté, il est impossible de saisir le présent. Le présent n'est qu'un point qui disparaît et réapparaît indéfiniment.

Ces trois phases servent notamment à agencer les discours des hommes, pour leur récit ... etc.

La durée 

La durée, a été de nombreuses fois définie. Selon certains scientifiques, elle n’existe pas et ne serait alors que le liant auxquels se succèdent les événements. Pour d’autres, la durée est LE constituant du temps. Selon Etienne Klein : « le temps est seulement ce qui permet qu’il y ait des durées. Il crée la discontinuité dans  l’ensemble des instants.» Les durées sont un « ensemble » d’instants sans durée.  Le temps serait une « machine à produire en permanence de nouveaux instants ». Une montre indique son déploiement. 

Nous allons donc étudier les différentes durées que nous connaissons à ce jour, que nous avons mesurées à travers les époques :

  • Tout d’abord la seconde : unité de base du temps, qui peut être mesurée par une horloge atomique. Sa définition n’a été donnée que récemment.
  •  La minute : elle contient 60 secondes et peut-être aussi mesurée par une simple horloge, par le mouvement de la grande aiguille.
  • L’heure : elle contient 60 minutes, pouvant être également mesurée par une horloge.
  • La journée : elle comprend 24 heures. C'est le composant de base du calendrier.
  • La semaine : elle comprend 7 jours et est représentée sur le calendrier.
  • Le mois : il varie selon les mois de 28 jours à 31 jours, ils sont tous présents dans le calendrier.
  • L’année : elle est constituée de 12 mois et d’environ 365 jours ou de 52 semaines.
  • Le lustre : il est composé de 5 années.
  • La décennie, le siècle et le millénaire sont respectivement composés de 10, 100 et 1 000 années.

 

On remarque tout de suite que les plus petites mesures ne sont mesurables que par les horloges et par les outils les plus récents. A l’inverse, les durées les plus longues sont mesurables depuis longtemps par le calendrier. On remarque aussi que le chiffre 60, a été utilisé pour conptabiliser les secondes à l'intérieur de la minutes et les minutes à l'intérieur des heures. Pourquoi avoir choisi ce nombre ? La réponse à cette question est en fait très simple : le nombre 60 est un des plus divisibles de 0 à 100. Il était donc plus pratique d'utiliser ce nombre pour mesurer ces unités.

 

 

2)     Le temps social selon les cultures

Lorsqu’on parle de perception du temps, tout est une question de point de vue car de nombreux facteurs l'influencent . Cette différence de vision peut s’observer de manière accessible sur notre planète et au sein même de la société dans laquelle nous vivons. En effet, le temps est une variable  socio-culturelle  car les hommes acceptent la perception du temps que leur culture et leur lieu de vie leur impose sans s’en rendre compte.

Chaque culture a une vision particulière du temps.

La perception occidentale est dite monochronique : c’est-à-dire que le temps est une succession d’événements qui ont une limitation bien définie dans le temps. L’homme occidental est sous l’emprise du temps qui s’accélère, sa vie est réglée selon ses rendez-vous ou ses loisirs par exemple.

Dans certains pays d’Amérique latine, une heure d’attente est perçue comme l’équivalent de cinq minutse chez nous :  ce n’est qu’après plusieurs heures de retard qu’une justification est attendue ou que les personnes se sentent désavouées.

En Chine, les gens ne parlent jamais du temps. Le temps n'a pas le même rôle chez eux que chez nous. Personne en Chine n'a pensé à concevoir le temps sous l'aspect d'une durée monotone. Ils voient le temps comme un ensemble d'ères, de saisons, d'époques ... Mais une culture du temps est différente du temps lui-même. Les gens et certaines cultures peuvent donc vivre sans repères temporels ou sans conception du temps. La conscience de celui-ci n'est donc pas indispensable dans la vie quotidienne. La perception chinoise ne se concentre pas sur le temps nécessaire à l’accomplissement d’une tâche, elle se porte plus sur  l'activité en elle-même : c’est l’homme qui contrôle le temps et non l’inverse. Cette gestion du temps est appelée polychronique : c’est-à-dire qu’il n’y a pas de contrôle du temps, les délais sont peu souvent respectés et on n’hésite pas à modifier plusieurs fois un projet. Comme le disait André Chieng (directeur d’une société spécialisée dans les échanges commerciaux avec la République Populaire de Chine) en 2006 « L’européen, convaincu que l’efficacité vient de l’action, tend à ignorer l’effet de l’attente et du temps : il agit. Au contraire le chinois plus sensible à la transformation est prêt à attendre que les circonstances lui deviennent favorables».

 Cette citation explicite montre tout à fait les différences entre l’organisation chinoise et occidentale ou américaine dans le temps.  Ce qui rend les gens plus chaleureux et moins stressés car il existe la possibilité d’annuler ou de reporter un rendez-vous même à la dernière minute. Les chinois étendent leur vision des choses et leurs projets sur plusieurs années, voire générations, afin d’attendre le moment le plus favorable. Cette différence d’organisation dans le temps peut entraîner des mésententes pour les contrats commerciaux passés avec les occidentaux ou les américains.

A l’inverse, les différences entre l’histoire nord-américaine et celle des autres civilisations donnent une perception tout à fait différente chez les Américains. Des civilisations asiatiques ou européennes ont une histoire très ancienne et s'appuient sur la connaissance de leur passé afin de ne pas en reproduire les erreurs ou, au contraire en imiter les biens faits. Le passé historique des Etats-Unis étant relativement court par rapport aux autres pays, les américains ont une vision plus particulièrement axée sur l’avenir et sur un horizon relativement restreint. Cette vision pousse les américains à un besoin de productivité et de vie à un rythme rapide et réglée au millimètre près : le moindre retard doit être justifié car le retard n’est pas accepté. Certaines personnes vont même vous considérer comme en retard si vous arrivez avec moins de 15 minutes d’avance. En effet aux états-unis tout est une question de productivité dans les grosses entreprises tout est surveillé : les délais, l’absentéisme, la ponctualité,… Ces entreprises essaient de faire toujours plus avec moins afin d’augmenté les rendements au maximum. 

 Au Japon, les gens éprouvent le besoin de prendre le temps de faire bien les choses et dans de bonnes conditions. C’est pourquoi ils doivent faire une dizaine de réunion avec de nouveaux clients avant que le moindre accord se fasse. Lors des premières réunions, on n’aborde même pas le sujet de la transaction ou de commerce. Ce n’est qu’après avoir fait connaissance, que des relations stables se sont établies, que la transaction peut se faire.

Malgré toutes ces différences c’est la culture occidentale qui prend le dessus sur les autres : le propre de cette culture est de  « dévorer » le temps on peut la qualifiée de méta-régime-temps. Cette consommation excessive du temps vient du capitalisme qui touche maintenant la majorité des sociétés du globe. Cette culture occidentale mène aussi  à une accélération du temps : c’est-à-dire le besoin d’aller toujours plus vite, de perdre le moins de temps possible. Ce rythme de vie est encouragé par beaucoup d’éléments qui nous entourent comme le fast-food qui met en évidence le culte de la vitesse, la mode met en avant le culte de l’instant car elle est en constant changement et le temps est saturé avec le culte du multitasking ceci peut être illustré par les chaines d’informations en continues. Mais ces trois éléments peuvent mettre sous tension les sociétés car cette volonté de rapidité se généralise mais ne peut s’appliquer à tous les domaines comme le domaine de la politique par exemple qui a des effets sur le long terme et ne peut donc être comparé à celui du journalisme dans lequel l’information va de plus en plus vite. 

On peut observer sur un graphique les différente répartition d'une journée selon les pays :

                                             

On peut donc remarquer la différence importante du temps passé pour les différentes activités entre le français et l'américain. Ainsi le français passe plus de temps au repas et aux tâches domestiques alors que les américains travaillent beaucoup plus et passent plus de temps en société.

Les religions aussi peuvent influer sur la perception du temps qui passe.

Pour l'Islam, le temps se consume et l'homme se consume avec lui. A chaque seconde qui passe, une partie de nous se consume. L'Homme peut donc être de cette manière assimilé au temps : l'Homme est une partie du temps. Nous pouvons illustrer cela par une citation de l'Imam Al Hasan Al Basri (642-728) : "L'Homme est quelques jours : chaque fois qu'un jour passe, c'est un peu de l'Homme qui passe".

Le temps se consume et peut donc être dépensé de différentes manières : la majorité des personnes sur terre le dépense en mangeant, en buvant, en travaillant, ... 

3)    Les calendriers  

L’homme a créé les fêtes, qui aujourd’hui délimitent les périodes de temps dans l’année. On peut retrouver ces fêtes dans un outil que tout le monde connait, le calendrier.

Le temps cosmo-bio-social donna naissance au calendrier : il donne une ordonnance pour toutes les religions, peuples ou cultures.

Pour les hommes, le temps objectif est constitué de hasard, déterminisme ou providence. Le temps cosmo-bio-social n’implique donc pas un calendrier rigoureux. A l’origine, ce dernier fut crée pour organiser le temps sur une longue durée. Certaines cultures ont un calendrier où la suite des jours est socialement organisée (cultures occidentales), constituée de fêtes et de repères astronomiques qui n’excèdent pas une année. En tout cas, malgré des différences qui peuvent être très marquées, toutes les cultures ont plus ou moins adopté des systèmes calendaires.

 La difficulté du calendrier est d’assembler les jours dans une année avec des sous-ensembles (mois) qui sont généralement calés sur le cycle lunaire. Le problème est qu’il n’y a pas de jours entiers dans une lunaison et dans une année. C’est pourquoi le calendrier idéal n’existe pas. Beaucoup des cultures ont adopté des calendriers luni-solaires, principalement solaires ; ils sont basés sur les révolutions des deux astres principaux de notre système solaire :

  •  La révolution lunaire : elle dure environ 29.5 jours. Sa durée a été choisie pour représenter la durée des mois de l’année (mois compris entre 28 et 31 jours) :

 

  • Le calendrier lunaire

Un calendrier lunaire est un calendrier réglé sur les phases de la Lune. Un mois, dans un tel calendrier, représente une lunaison.

Quelques exemples de calendriers lunaires qui persistent encore aujourd’hui :

- Le calendrier musulman ou calendrier hégirien est fondé sur une année de 12 mois lunaires de 29 à 30 jours chacun. Une année hégirienne compte 354 ou 355 jours, et est donc plus courte qu’une année solaire d’environ onze jours.

                                                                          Calendrier Musulman :

                                                 

- Mais le calendrier lunaire est aussi utilisé par les jardiniers. En effet il est très pratique pour les personnes qui ont la main verte : pour planter ses plantes ou ses fruits, le jardinier se doit de s’informer sur le type de lune de chaque nuit (nouvelle lune, pleine lune, etc…) afin de planter ses graines dans les meilleures conditions qui leur sont propres.

Par exemple, selon le calendrier lunaire du jardinier, il est préférable de planter des cerises lors d’une nuit de pleine lune. 

 

Le soleil est le deuxième astre qui a été utilisé pour les calendriers :

  • La révolution solaire : elle dure environ 365.2 jours. Sa durée a été choisie pour représenter la durée de l’année:

En combinant les révolutions solaires et lunaires, on est arrivé au calendrier luni-solaire que certianes cultures ont adoptées.

  • Les calendriers luni-solaires

Un calendrier luni-solaire est fondé à la fois sur le cycle annuel du Soleil et sur le cycle régulier des phases de la Lune.

Aujourd’hui certaines populations ou religions comme le judaïsme utilisent ce genre de calendrier :

Ainsi le calendrier hébraïque est composé d’ années solaires, de mois lunaires, et de semaines de sept jours commençant le dimanche et se terminant le samedi, jour du Chabbat.  Comme point de départ, il se réfère à la Genèse, le premier livre de la Bible, dont il fait correspondre le début à l’an -3761 du calendrier grégorien.

Chaque nouveau mois commence par la nouvelle lune. Le calendrier s’aligne sur une année solaire et sur des lunaisons de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 3 secondes + ⅓ de seconde et alterne des mois de vingt-neuf et de trente jours. Une année lunaire de douze mois fait 354,36 jours. Comme une année solaire fait 365,24 jours, près de onze jours se perdent chaque année. Pour rattraper ces jours perdus, certaines années comportent treize mois lunaires. Ainsi sur un cycle de dix-neuf ans ce calendrier définit sept années de treize mois et douze de douze mois.

C’est en utilisant ces deux révolutions que le calendrier que nous connaissons aujourd’hui s’est établi.

Il est aujourd’hui indispensable pour se repérer dans le temps et se situer dans l’année. Cet outil a donc énormément facilité la vie quotidienne et at permis une représentation du temps social concret, ainsi qu’un écoulement du temps uniforme et irréversible.

On retiendra aussi que l’alternance jour et nuit fut l’unité fondamentale du repérage de l’écoulement de l’année. Pour cette raison, c’est l’unité la plus petite du calendrier.

 

 L’origine du calendrier remonte aux Egyptiens. Dès l’antiquité, ces derniers avaient remarqué que le Nil au fil du temps entrait dans des périodes de crues et de décrues. Petit à petit, les Egyptiens essayèrent de compter le nombre de levers de soleil avant chaque crue. Le premier calendrier de l’histoire prenait forme et il était loin d’être imparfait : en plaçant 365 jours avec 12 mois et 5 jours « épagomènes », le tout regroupé dans une année, les Egyptiens avaient réalisé une mesure de l’année relativement proche de la nôtre. Mais leur année étant un peu trop courte, ils se trouvèrent rapidement en avance sur le cycle solaire. En 238 av JC, le roi Ptolémée Energète déclara l’addition d’un 6e jour épagomène tous les 4 ans mais il ne fut pas adopté. 

Plus tard, en 46 av JC, César imposa ce calendrier avec une année bissextile tous les 4 ans,  en calant le 366e jour le 29 février (Rome avait avant un calendrier de 455 jours). A l’époque romaine, le calendrier devint très important : le calendrier devint universel et ne bougea plus pendant longtemps.

Cependant, le retard pris entre le calendrier civil et le calendrier solaire s’accentua de nouveau. La réforme Grégorienne, décida d’avancer 10 jours à l’année 1582 pour rattraper le retard et de supprimer les années bissextiles pour les années séculaires dont le siècle n’est pas divisible par 4. Donc 1700, 1800, 1900 n’ont pas été bissextiles alors que l’a été 1600 et 2000. En moyenne, l’année grégorienne est de 365,2425 jours ce qui est une excellente approximation car elle se décale de l’année astronomique tropique de 0.0003 soit une erreur de 3 jours pour 10000 ans. Nous devrons donc régler notre horloge en 4600. 

Calendrier occidental (français, 2009) :

Les Mayas firent encore mieux : avec une organisation de 18 mois de 20 jours,   avec 5 jours creux et en ajoutant plus ou moins des jours à l’année de base, l’erreur n’était que de 0.0002 jours soit une erreur de 2 jours pour 10000 ans.

Calendrier Maya :

 

Les calendriers regroupent donc de grandes durées établies sur 1 année. Ils sont considérés comme étant la première échelle de temps. Cet outil nous est aujourd’hui indispensable pour connaître notre emplacement dans l’année, pour savoir où nous nous trouvons. Il est devenu un point de repère capital dans notre vie. Les différentes durées ont composé les mesures du temps que l’on a. En divisant le temps en période et sous-période, l’être humain a su, selon les longueurs des durées, adapter des instruments de mesures efficaces, qui sont devenus la référence de la mesure du temps aujourd’hui. Cela nous amène donc à savoir comment on peut ou a-t-on pu calculer ces durées au fil des époques ?

 

====> Partie B : Notions scientiques du temps