B) Le temps de la communication

Il est difficile de séparer temps de l’action et temps de la communication car ils sont liés. Ils concernent tous deux notre activité et notre comportement.

 

1)   Représentation du temps chez l’enfant

Les enfants ont une absence de l’intuition de la durée : ils n’ont pas l’intuition du temps : ils n’en comprennent pas la signification. Comme la durée est un élément de la représentation, elle est délimitée par deux « bornes ». C’est cette notion que l’enfant va vite apprendre. Comme disait J.-M. Guyau : « la durée n’est que la distance entre la coupe et les lèvres ». La durée est donc une représentation pour guider les gestes, pour signifier des événements, des souvenirs ou des désirs : c’est une notion du temps artificielle qui ne sert que pour modéliser une action. Cette représentation va petit à petit se développer chez l’enfant. Ce n’est qu’entre 7 et 10 ans que l’enfant acquiert cette représentation qui va devenir essentielle dans la vie quotidienne pour tout le monde.

Le language du temps et les rythmes de la vie vont l’aider à se repérer dans le temps (les saisons, la nuit, le jour, aujourd’hui, clair, noir, se coucher, hier, avant...) il va aussi développer son langage temporel. Il a cependant des difficultés à différentier l’ordre temporel et l’ordre spatial de 3 à 7 ans mais il saisit bien l’ordre des générations dans sa famille. Il s’imagine toutefois que ses parents ne vieillissent pas.

L’enfant, qui saisit globalement l’ordre des événements de sa vie, ne comprend pas le concept du vieillissement. Pour l’aider à le comprendre, on va employer un vocabulaire spécifique dans le quotidien et aux événements.

L’horloge sociale est devenue le principal repère pour l’enfant de 10 ans. C’est le principe de simultanéité qui le guide. Il apprend à ponctuer sa durée d’instant et il en comprend la signification. C’est en le faisant participer progressivement à la vie des autres, que l’enfant va insérer sa propre durée dans celle des autres. Le temps des adultes va s’implanter dans la représentation de l’enfant. La simultanéité sociale porte en lui-même la marque de la correspondance des durées. Le « maintenant » est utilisé pour lui faire comprendre « l’instant ». C’est ainsi que l’on retrouve le « passé, présent, futur » mais les sociologues utilise le présent prolongé pour utiliser des termes comme « à l’instant » et qui se superposent donc au passé ou au futur. Ces termes, uniquement utilisés dans le domaine de la vie quotidienne nous aident à nous repérer dans le temps. Leur longueur n’est donc pas fixe et elle peut énormément varier notamment pour le présent. Comme ces trois termes, d’un point de vue scientifique, n’existent pas, ils ne sont qu’une représentation créée de l’homme. Tout ceci constitue la continuité linéaire mathématique comprenant le passé, le présent et le futur.

Pour l’enfant, le récit est très important pour le moment présent. C’est ainsi que l’on peut introduire la construction du temps du monde. C’est donc en racontant ou en lisant des histoires que l’on peut mieux cerner notre expérience temporelle et que nous la communiquons aux autres

Aussi, nous pouvons voir que le récit peut comporter différents niveaux de temporalité. Les humains imaginent des temps fictifs qui peuvent s’insérer dans leur vie quotidienne ou pas pour qu’ils vivent et communiquent d’abord dans un temps qu’il faut appeler « temps réel ».

Le temps de la communication est donc un temps physiologique qui se rapproche du temps de l’action et qui permet à l’homme et à l’enfant de vivre dans un monde géré par le temps.

 

2)    La perception du temps chez différents êtres-vivants

L’idée selon laquelle les mouches voient le temps passer plus lentement, et que les brusques mouvements d’une main visant à les attraper, soient pour elles aussi rapide que la construction de la philharmonie de Paris, est connue de beaucoup de monde.  Mais cette information est-elle fondée ? 

 

 Le Dr Andrew Jackson, du Trinity College à Dublin (Irlande)  a mené des expériences sur les animaux, qui ont montrées un lien entre taille, métabolisme et perception du temps.

En général, plus l’animal est petit, plus rapide son taux métabolique sera et plus le temps lui semblera passer lentement. Ces constations sont issues de recherches concernant la capacité des animaux à détecter de rapide flashs de lumière.

Les animaux étudiés appartenaient à 30 espèces différentes, comprenant des rongeurs, des anguilles, des lézards, des poules, des pigeons, des chiens, des chats et des tortues luths. Celles-ci sont de grandes créatures avec un taux métabolique lent, pour qui le temps passe relativement vite. Les plus petites et plus agiles créatures ont la meilleure capacité à percevoir l’information dans une unité de temps, selon la conclusion des chercheurs.

Les  animaux de compagnie peuvent ainsi donc  voir le scintillement de la télévision (images saccadées). Leur système visuel a une fréquence de rafraichissement, un point critique de fusion du papillotement, plus élevée que les humains.

Cette expérience montre que la perception du temps par une créature est directement liée à sa taille, ce qui signifie que les mouches vivent dans un monde où le temps s’écoule comme au ralenti par rapport au temps perçu par les humains.

L’inverse se produit pour les tortues, nous agissons avec une très grande rapidité. Nous sommes en quelque sorte les « mouches des tortues » et inversement.

Une augmentation de la fréquence des stimulations entraîne-t-elle une surestimation de la durée ? Des expériences ont  établi grâce à une méthode de répétions la généralité de ce phénomène, avec des stimulations lumineuses, sonores à cadences différentes. Les résultats ont alors montré que l'estimation du temps tient compte globalement, en dehors de tout calcul, de la durée des stimulations, de leur nombre et même des intervalles entre les événements.

 

3)     Les modifications de notre perception du temps.

Notre perception du temps peut être modifiée par différents facteurs comme les émotions. La vitesse de notre horloge interne, donc le nombre d’impulsions, baisse (le temps passe plus « rapidement ») ou augmente (le temps paraît plus long). Par exemple, une personne souffrant d’arachnophobie verra le temps passer plus lentement en présence d’une mygale qu’une personne normale. Ainsi, la personne pourra mieux appréhender le danger.

Le danger est en effet l’un des facteurs les plus influençant sur notre perception du temps : l’horloge interne accélère lorsque le sujet est en danger, dans le but de donner à celui-ci un temps de réaction plus important.

 

Une expérience a permis de démontrer l’influence du danger sur notre perception du temps :

Un sujet devait lire un message sur écran numérique, clignotant trop vite pour être déchiffré dans des conditions normales. Le sujet, ayant tout d’abord échoué à la lecture du message dans des conditions normales, a réessayé lors d’une chute libre. Il portait des lunettes où était diffusé le message subliminal. Il a su cette fois-là, sous la sensation de peur déchiffrer le message.

En situation normale le cerveau humain voit 30 images par seconde, ce nombre peut augmenter de façon significative lors d’une situation dangereuse. Ce phénomène est essentiel à notre survie lors de cas extrêmes. De la même façon, notre temps s’adapte à l’expression faciale des personnes à qui nous nous adressons : le temps semble ralentir devant une personne en colère, ou qui éprouve de la tristesse, et elle s’accélère au contraire devant une personne joyeuse. Les émotions primaires ressenties, la colère, la joie, la peur ou bien la tristesse peuvent modifier nos caractéristiques cérébrales, et donc modifier la fréquence de nos impulsions neuronales.

L’intérêt porté à une tâche, si celle-ci est jugée comme étant ennuyeuse ou intéressante, va également modifier notre perception : lorsque nous nous ennuyons, nous faisons attention au temps qui passe, de façon à savoir combien de temps il nous reste à nous ennuyer ! Nous allons donc nous focaliser sur le temps, notre attention va se porter sur les impulsions qui s’accumulent, le rythme de l’horloge interne va donc accélérer et procurer la sensation que le temps est anormalement plus long. L’inverse se produit pour une tache jugée comme étant intéressante, tout comme le sujet réalise diverses tâches à la fois.

Des maladies peuvent influencer ce système :

La toxicomanie engendre une mauvaise perception du futur : en effet les toxicomanes sont focalisés sur l’instant présent, sur le manque ressenti, et sont impulsifs. Le temps passe donc pour eux plus lentement puisque leur attention est focalisée sur le moment présent.

Chez les schizophrènes, la perception du temps et des durées est très fortement modifiée, cela à cause de différents facteurs.

Mais le temps ne se limite pas simplement à la perception qu’en ont les êtres vivants, il s’agit avant tout d’un phénomène se caractérisant par diverses cultures.

 

====> Le temps dans la vie quotidienne